INTERVIEW DE BOUDDHANEWS.FR
03/04/2020
Christophe Richard :
« La spiritualité permet de donner du sens à notre monde. »
« La spiritualité permet de donner du sens à notre monde. »
Le 03-04-2020
À une
époque où tout va très vite, que peut apporter une pratique spirituelle ?
Christophe Richard, pratiquant bouddhiste de la première heure et professeur de
philosophie, nous explique les bienfaits de la bienveillance, de la patience et
de l'écoute. Et, en quoi la spiritualité diffère-t-elle de la religion, de la
philosophie ou du développement personnel.
Comment définissez-vous la
spiritualité ?
C'est tout ce qui
concerne la vie de l'esprit. Plus particulièrement l'amélioration de soi en
dirigeant son esprit plutôt qu’en étant contrôlé par lui. Il y a un monde pour
les abeilles, un pour les fourmis, un pour les cachalots, un autre encore pour
les humains. Et, à l'intérieur de chaque espèce, chacun a son propre monde. On
peut modifier ce dernier en transformant son esprit. Cela ne veut pas dire que
les choses tangibles ne sont pas là, mais que je peux changer ma manière de les
accueillir, les ressentir, les vivre, car cela ne dépend que de moi. Je peux
perdre mon fils, mais cela ne dépend pas de moi. En revanche, mon attitude par
rapport à cet événement ne dépendra que de moi. C’est ce que m’enseigne la
spiritualité, quelle que soit sa forme. Les religions n'ont pas le monopole de
la spiritualité.
Comment la méditation peut-elle modifier
notre façon de percevoir le monde ?
La méditation rassemble toutes les pratiques sur l'esprit qui permettent de
modifier notre façon de percevoir l'existence. Elle ne s’exerce pas seulement
en étant assis - on le fait au début pour s'habituer -, mais dans toutes les
postures et moments de la vie quotidienne. La plupart du temps, notre esprit
est conditionné par tout un tas de facteurs biologiques, historiques, sociaux,
familiaux, psychologiques... On subit le
mental et on oublie qu'on peut avoir prise sur lui, même si cela peut demander
des années de pratique. Travailler sur l'esprit permet de développer la
patience, la compassion, la bienveillance. L'intention ne suffit pas. Il y a de
nombreuses techniques qui favorisent cet apprentissage ; si on les pratique
aussi souvent que possible dans la rue, au travail, quand on est en famille,
notre esprit finit par s'habituer à générer ces émotions positives et cela
devient de plus en plus facile et spontané.
Pourquoi la transmission par une
personne compétente, un maître, un guide, est-elle importante pour parvenir à
conditionner notre esprit ?
Il y a une foultitude de pratiques. Les textes bouddhiques disent qu'il y
en a 84 000 différentes, un nombre symbolique. Certaines ont été mises au point
par Bouddha, d'autres par des sages en fonction de leur milieu et de l'époque à
laquelle ils enseignaient. L'intérêt d'avoir un guide
spirituel, c'est qu'il nous connaît bien et choisit ce qui est le plus adapté pour
nous. C'est un conseiller, un ami de bien.
Pour viser le bonheur, faut-il se
concentrer sur l'essentiel ?
Pour les bouddhistes,
suivre la voie du Bouddha permet de cesser de s’identifier à la souffrance
morale et à la douleur physique, et d’en finir peu à peu avec le cycle des
renaissances. Pour ma part, comme je ne crois pas à ce dernier, je trouve
passionnant de chercher à m'améliorer.
« L'intérêt d'avoir un guide
spirituel, c'est qu'il nous connaît bien et choisit ce qui est le plus adapté
pour nous. C'est un conseiller, un ami de bien. »
Je pars du principe
que ma vie n'a aucun sens, aucune direction préétablie. C’est pourquoi je lui
donne la direction spirituelle de mon choix. Bien sûr, je me fixe des buts,
comme apprendre à contrôler le mental, mais il faut aussi savoir, par moment,
cesser de vouloir obtenir quoi que ce soit. Une expression zen japonaise dit
qu’il faut agir « sans but ni idée de profit ». C'est une formidable
ouverture à ce qui est. C’est en lien avec la notion de vacuité, avec le fait
que rien n’existe en soi et par soi, et avec la réalité de l’impermanence.
Selon vous, développement personnel et
spirituel diffèrent-ils ?
Le développement personnel est bénéfique
quand on souhaite se faire du bien pour sortir du mal-être. Tout est
insatisfaction : c'était le point de départ du Bouddha. Au départ, notre
démarche est personnelle et tournée vers soi-même, puis très vite, on comprend
qu'être bien implique que les autres, nos proches notamment, le soient également.
Dans ces conditions, le développement personnel peut déboucher sur le
développement spirituel. À condition de suivre une voie authentique. À titre
personnel, je préfère par exemple m’engager auprès de guides qui ont reçu une
transmission vieille de plusieurs siècles, car cela me paraît plus solide, plus
sérieux et plus sûr. Et, j’ai ainsi le sentiment de perdre moins de temps et
d'énergie.
Pour aller plus loin
Livres de Christophe
Richard :
– Ce que n’est
pas le bouddhisme (L’Harmattan, 2016)
– Bouddhisme et franc-maçonnerie (L’Harmattan, 2018)
– Bouddha, vie d’un homme (L’Harmattan, 2015)
– Bouddha et Épicure (L’Harmattan, 2012)
– Bouddhisme et franc-maçonnerie (L’Harmattan, 2018)
– Bouddha, vie d’un homme (L’Harmattan, 2015)
– Bouddha et Épicure (L’Harmattan, 2012)
Ses conseils de
lecture :
– De l’autre côté du désespoir.
Introduction à la pensée de Svâmi Prajnânpad d’André Comte-Sponville
(Accarias, L’originel, 1997)
– Les mille et une vies du Bouddha de Bernard Faure (Le Seuil, 2018)
– Nietzsche et le bouddhisme (conférence) de Marcel Conche (Encre marine, 2009)
– L’Inde pense-t-elle ? de Guy Bugault (Presses universitaires de France, 1994)
– Les mille et une vies du Bouddha de Bernard Faure (Le Seuil, 2018)
– Nietzsche et le bouddhisme (conférence) de Marcel Conche (Encre marine, 2009)
– L’Inde pense-t-elle ? de Guy Bugault (Presses universitaires de France, 1994)
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